AUBRAC
du 15 au 22 juin 2019
L'Aubrac : terre de lumière et de grands espaces
Prolongeant
les coulées volcaniques d'Auvergne, l'Aubrac et la Viadène forment
un terroir de caractère montagnard au climat rude. Au fur et à
mesure que l'on parcourt les hauts plateaux, les estives ou drailles, les
sous bois ou les chemins ancestraux, ce pays exhale la grandeur et invite
à l'évasion, au désir de partir pour mieux se retrouver.
Le randonneur pourra s'arrêter souvent pour saisir l'émotion
des grands horizons, il écoutera l'eau ruisseler à travers les
pâturages, il sentira le parfum des forêts l'envahir et surprendra
une faune sauvage au détour d'un bois. A chaque saison, ce pays de
vent, de neige et de tempête mais aussi avec son ciel trop pur, trop
vide, sans la moindre trace de nuage dévoilera un nouveau visage et
l'on pourra trés souvent s'émerveiller devant la beauté
d'une nature aussi rebelle.
Le
plateau de l'Aubrac
Sur l'Aubrac, rien n'arrête le regard. Cette ampleur exceptionnelle
des paysages est le fruit de la géologie du climat et de l'histoire.
C'est un massif volcanique entre Lot et Truyère. De vastes coulées
basaltiques se sont répandues et ont recouvert en grande partie le
granit. Au quaternaire, la fonte de la calotte glaciaire a dégagé
les moraines, déplacé des blocs de roches, arraché et
martelé des falaises de coulées de lave. D'agréable petits
lacs (St Andéol, Born, Salheins...) se sont formés aux endroits
argileux. Sur les pentes sud du plateau, le ruissellement a entaillé
le granit par des gorges profondes (boraldes) qui rejoignent la vallée
du lot.
A pied, le randonneur pourra dénicher les trésors de cette terre
de légende, passage obligé depuis des siècles des pélerins
de Saint-Jacques de Compostelle. L'histoire qui a façonné ce
pays met en lumière un riche patrimoine authentique témoin de
bien des secrets de ce plateau.
La
flore et la forêt
La flore riche, plus de 1000 espèces de fleurs ou de plantes, s'éveille
le matin sous ses plus beaux aspects. Cette mutitude renaît dés
les plus beaux jours, selon que l'on parcourt la forêt, les bords des
ruisseaux ou les rares tourbières. Ces lieux sont réputés
pour être le "paradis des fleurs". Au printemps, les amateurs
de botanique peuvent découvrir jonquilles, narcisses, gentianes mais
aussi des fleurs plus rares comme le lis martagon ou le "calament"
ou thé d'Aubrac...
Au moyen-âge, la hêtraie recouvrait la quasi totalité de
l'aubrac. Elle a été défrichée pour les besoins
de la vie pastorale au cours de 12è et 13è siècles par
les religieux, en particulier ceux de la domerie d'Aubrac. Cette forêt
en grande partie domaniale a été réhabilitée au
fil des ans. On y trouve des sorbiers, des étables, des noisetiers...
Les sapins et épicéas ont été introduits pour
limiter la formation des congères en hiver. La lande née de
la forêt dégradée est formée par des bruyères,
genêts, genévriers et quelques bouleaux blancs...
La
faune
Réintroduit dans les forêts dans les années 60, on pourra
renconter à la lisière d'un bois, un cerf, animal emblématique
des forêts de l'Aubrac. Cet animal majestueux dont les bois tombent
chaque année est célèbre pour son brame : cri manifesté
losque le cerf est en quête de femelle, en période de reproduction
entre mi-septembre et mi-octobre. Pourvu d'un odorat trés développé,
le cerf est en permanence attentif et s'éloigne discrètement
et rapidement en cas de danger ou d'une présence humaine.
Le promeneur attentif rencontrera d'autres spécimens de la faune de
l'Aubrac : biches et leur faon, chevreuils, lièvres, renards, sangliers,
écureuils... et de nombreux rapaces.
Les
drailles
Pour qui veur randonner, ce pays offre de larges possibilités en suivant
les nombreux chemins de Grande Randonnée (GR) qui empruntent les drailles.
Ce sont d'anciennes voies tracées au cours des siècles par les
troupeaux de moutons venant paître l'herbe fine des montagnes durant
l'estive (mai à octobre). Les vaches et taureaux ont remplacé
les moutons d'autrefois. Ce sont les mêmes chemins de transhumance souvent
bordés de murets de pierres sèches que suivent encore aujourd'hui
les pélerins.
Une
terre d'élevage
Occupé jadis par les moutons, l'Aubrac appartient désormais
aux bovins. Tapissé de pâturages à perte de vue, son territoire
est divisé en quelques 300 "montagnes" que se partagent les
propriétaires de troupeaux durant l'estive. Ces "puechs"
accueillent des milliers de bêtes (près de 50 000 environ)/
Le rite ancestral de la transhumance est toujours vivace : les bêtes
séjournent sur les pâturages du 25 mai (montée de troupeaux)
au 13 octobre (descente).
La vache d'Aubrac (trés ancienne race) est d'un blond fumé avec
une tête fine, des cornes harmonieuses et des muqueuses foncées.
Elle a l'oeil cerné de noir. D'une grande sobriété, très
rustique, elle s'accomode bien au relief, au terrain et au climat du plateau.
Les
burons
Autrefois durant l'estive pour suivre, surveiller les troupeaux et confectionner
le fameux fromage, les bergers séjournaient dans les burons. Souvent
adossé à une pente et protégé par une toiture
de lauzes qui résiste aux rigueurs de l'hiver, le buron est accompagné
souvent d'une porcherie et d'une étable. Au début du 20è
siècle, on recensait 300 burons en activité. Depuis maintenant
bien des années toutes ces constructions sont entrées dans l'histoire
mais réhabilitées en gîte lorsque l'accès est facilité.
Le
fromage
La production fromagère déjà ancienne prit de l'extension
au 19è siècle après le démantèlement des
biens de l'abbaye d'Aubrac, dont les bourgeois de Laguiole, St-Urcize et du
Causse se rendirent acquéreurs. Vers 1850 ces éleveurs se consacrèrent
à la traite estivale pour fabriquer les fourmes et les affiner dans
les burons. Mais avec la modernisation des méthodes d'élevage
dans les années 60, la race d'Aubrac et le fromage Laguiole faillirent
disparaître, le cheptel s'amenuisant. Mais une poignée d'éleveurs
fondaient la coopérative "Jeune montagne" afin de perfectionner
le savoir faire des buronniers. La coopérative produit un fromage d'appelation
d'origine contrôlée. La coopérative est à l'origine
de la renaissance du fromage et de l'aligot de l'Aubrac (préparation
traditionnelle à base de pommes de terre et de tome fraîche).
Le
couteau
Depuis 1829, "le capuchadou" couteau à lame fixe utilisé
par les paysans a connu des évolutions au fil du temps. Pierre-Jean
Calmels fut le premier à concevoir "Le Laguiole" à
cran forcé avec poinçon et plus tard il y ajouta un tire-bouchon
(à la demande des limonadiers parisiens natifs de la montagne). Longtemps
fabriqué en atelier, ce bel objet demeura confidentiel jusqu'à
ce qu'il soit vendu sur les foires, marchés et magasins spécialisés.
Il connait une période de déclin à partir de 1950 et
la clientèle s'amenuisera. En 1985, une équipe d'élus
et de passionnés du plateau de l'Aubrac facilite le retour à
la fabrication du couteau dans son berceau de naissance. Aujourd'hui l'activité
coutellière à Laguiole est une réalité : vivante
et dynamique.